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Flight, Fight, Freeze, Fawn : nos réactions au stress et au danger

par | Août 10, 2025

Dans l’après-coup, nous ne comprenons pas toujours nos réactions ou notre absence de réaction face à un évènement stressant ou un danger.

Peut-être ignorez-vous que nous sommes, tout comme les animaux, équipés d’un système de survie instinctif, réflexe, qui s’active automatiquement sans que nous le choisissions ou le décidions.

Ces réponse de survie sont dans un continuum de réactions et de comportements appelé cascade de défense. Les quatre principales réponses sont appelées Flight, Fight, Freeze et Fawn, traduites ici par Fuite, Combat, Figement et Soumission.

Face à un stress émotionnel ou un danger, une cascade de réponses physiologiques est déclenchée par le cerveau primitif, préparant efficacement notre organisme à fuir ou à combattre afin d’

assurer notre survie. Notre système nerveux sympathique est activé, libérant des hormones de stress comme le cortisol et l’adrénaline, ce qui entraîne notamment une augmentation du flux sanguin, de la fréquence cardiaque et prépare les muscles à l’effort (Devault, 2012).

Flight or fight : fuir ou combattre

Freeze : le Figement comme stratégie de survie

Si nous ne pouvons ni fuir ni combattre, ou qu’aucune de ces deux actions ne permet d’assurer notre sécurité, notre système nerveux parasympathique nous fait sortir de notre fenêtre de tolérance en déclenchant une réponse de figement, d’immobilisation.

L’intérêt de cette stratégie de survie est peut-être plus évident dans le monde animal, avec qui nous partageons ces réactions instinctives. L’animal qui fait le mort devient à la fois plus difficile à repérer et moins attrayant pour un prédateur qui pourrait le considérer comme déjà mort et donc non comestible, ce qui lui laisserait une chance de s’échapper (Levine, 2024, p.80-91).

Chez l’être humain, nous pouvons faire le parallèle avec l’abandon dans une situation sans solution ou l’abandon de toute résistance à l’agresseur qui serait vaine et pourrait exacerber son agressivité (Walker, 2024).

Effondrement et dissociation : réactions à une peur extrême

Si la peur est trop intense et qu’il n’y a aucune échappatoire à une effraction psychique ou physique, la branche vague dorsale du système nerveux autonome déconnecte notamment les circuits des sensations et des émotions, permettant de protéger l’organisme d’un trop plein d’hormones de stress et de ne pas ressentir la douleur (Porges, 2021). Elle nous fait sortir de notre fenêtre de tolérance et nous plonge dans un état d’effondrement, de paralysie, de déconnection de soi et de l’environnement.

Un cycle pathologique de peur et de figement peut s’installer même s’il n’y a plus de menace réelle (Levine, 2024, pp. 80-91). Le processus naturel de sortie du figement peut se bloquer, une dysrégulation émotionnelle s’installer et une empreinte traumatique se fixer (Smith, 2021).

Fight, Flight, Freeze, Fawn : nos réactions au stress et au danger

Fawn : la Soumission comme mécanisme de protection

Une quatrième stratégie de survie dont le caractère inconscient est débattu, a été plus récemment développée par P. Walker : le Fawn qui peut se traduire par une réponse de soumission, d’oublie de soi, de satisfaction des attentes de l’autre pour se protéger d’une relation négligente ou menaçante à laquelle on ne peut échapper. On peut penser au chien qui se met sur le dos pour sa soumission au chien dominant ou à un otage qui exécute les ordres de son ravisseur ou cherche à l’apaiser dans l’espoir qu’il lui laisse la vie sauve.

Des réponses au stress adaptatives ou rigides

Si les mécanismes physiologiques sont les même chez chacun d’entre nous, les critères d’évaluation du danger qui déclenchent une réponse de survie ne sont, par contre, pas les mêmes pour tous. Ils sont notamment relatifs à la qualité de notre attachement primaire (Smith, 2021), à nos expériences de vie et aux événements traumatiques vécus dans le passé.

Impact des traumatismes précoces sur les réponses au stress

Un enfant qui grandit dans un environnement familial « secure », a de bonnes chances de devenir un adulte qui fera preuve d’une bonne adaptabilité au stress, en ayant un accès efficace aux quatre réponses de Combat, Fuite, Figement et Soumission (Walker, 2024). Il sera en capacité de poser ses limites et de faire preuve d’une agressivité saine pour se défendre ; de suivre son instinct de fuite face aux confrontations trop risquées ; d’abandonner dans une situation sans solution ; de savoir faire des compromis, s’effacer et être à l’écoute des autres.

Rigidité des réponses de survie à l’âge adulte

En fonction des difficultés ou des traumatismes vécus dans l’enfance et tout au long de notre vie, nos réactions vont s’exprimer sur un continuum d’intensités jusqu’à la cristallisation traumatique.
Si ces réactions se rigidifient trop, elles peuvent être sources de souffrance pour la personne devenue adulte, paraître disproportionnées, inadéquates ou délétères. Néanmoins, elles résultent d’un système de survie qui a eu un rôle vital à jouer et qui, aujourd’hui, laisse la possibilité d’être assoupli et de développer une meilleure capacité de régulation émotionnelle.

Conclusion

Observer vos réactions dans les relations interpersonnelles ou face à des situations stressantes peut être un bon point de départ pour mieux repérer vos stratégies inconscientes. Passez-vous d’un système de réponse à l’autre, de manière souple tout en revenant facilement à un état de calme, une fois l’événement ou le stress passé ? Observez-vous que vous réagissez préférentiellement dans un mode ou dans la combinaison de deux modes, comme Fight/Fawn ou Fight/Freeze ? Avez-vous le sentiment de réguler vos émotions sereinement ou d’être perturbé par des états émotionnels qui persistent ?

En résumé

  • Face à un stress ou un danger, notre organisme réagit automatiquement par des mécanismes de survie non réfléchis et non conscients.
  • Les principales réactions sont au nombre de quatre : Fuite (Flight), Combat (Fight), Figement (Freeze) et Soumission (Fawn).
  • Fuite ou Combat (Fight or Flight) :
    ces réponses sont déclenchées par le cerveau primitif libérant des hormones comme le cortisol et l’adrénaline pour préparer le corps à l’effort.
  • Figement (Freeze) : en l’absence de possibilité de fuir ou de combattre, le système nerveux parasympathique déclenche une immobilisation, une stratégie de survie courante dans le monde animal (faire le mort).
  • Dissociation : en cas de terreur sans échappatoire au danger, le système vagal dorsal déconnecte les sensations et émotions pour éviter la souffrance et protéger l’organisme d’un trop plein d’hormones de stress.
  • Soumission (Fawn) : stratégie de survie où l’individu se soumet ou cherche à faire plaisir pour se protéger de dangers relationnels inévitables.
  • Les réponses de survie varient selon l’attachement primaire, les expériences de vie et les traumatismes passés.
  • Un environnement familial sécurisant favorise une adaptabilité au stress et un accès équilibré aux quatre réponses de survie à l’âge adulte.

Références

Devault, A. (2012). Pourquoi chercher ailleurs ? Empan, 86(2), 79-84https://doi.org/10.3917/empa.086.0079.

Hart, O. van der, Nijenhuis, E. R. S., Steele, K., Mousnier-Lompré, F., & Dellucci, H. (2017). Le soi hanté: Dissociation structurelle et traitement de la traumatisation chronique (Nouvelle éd. révisée). De Boeck supérieur.

Kozlowska, K., Walker, P., McLean, L., & Carrive, P. (2015). Fear and the Defense Cascade: Clinical Implications and Management. Harvard review of psychiatry23(4), 263–287. https://doi.org/10.1097/HRP.0000000000000065

Levine, P. A. (2024). Réveiler le tigre : guérir le traumatisme. Interéditions.

Page, D., Piedfort-Marin, O. (2024). Réguler ses émotions pour vivre mieuxOdile Jacob.

Porges, S. W. (2021). La théorie polyvagale : Fondements neurophysiologiques des émotions, de l’attachement, de la communication et de l’autorégulation. EDP Sciences.

Schmidt, N., B., et al. (2008). Exploring human freeze responses to a threat stressor. Journal of behavior therapy and experimental psychiatry, 39(3).

Smith, J. (2021). Neurobiologie de la dissociation. Dans Smith, J. (dir.), Psychothérapie de la dissociation et du trauma (2ème édition, pp27-38). Dunod. https://doi.org/10.3917/dunod.smith.2021.01

Walker, P. (2024). Le trouble de stress post-traumatique complexe – De la survie à l’épanouissement : comment se remettre des traumatismes de l’enfance. Dangles.

 

Infographies

Librement adaptées de Ruth Lanius & Nicabm ainsi que du centre Bertha Pappenheim :

Nicabm. (s.d.). [Infographic] – How the Nervous System Responds to Trauma. Nicabm. Consulté le 31 juillet 2025 sur https://www.nicabm.com/how-the-nervous-system-responds-to-trauma/

Centre Bertha Pappenheim. (2021, 13 septembre). Le stress post-traumatique complexe. Centre Bertha Pappenheim. https://centre-bertha-pappenheim.fr/2021/09/13/le-stress-post-traumatique-complexe/

 

À propos

Je suis Caroline Pico, conseillère en fleurs de Bach, praticienne en hypnose et en méditation de pleine conscience à Lyon Croix-Rousse et dans le sud Beaujolais.

Depuis plus de 10 ans, j'accompagne les adultes qui souhaitent se sentir bien avec eux-même, alléger leurs relations aux autres et mieux surmonter les difficultés.

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